💌 496. Le moment le plus malheureux

Face à un cadeau aussi choquant, le diable m'a insufflé des pensées négatives, comme s'il me murmurait à l'oreille : « Le cinquième beau-frère vous a traités avec mépris, comme si vous étiez des créatures insignifiantes et inférieures, aptes à manger n'importe quoi ! Comment le premier cadeau qu'il t’a offert, à toi et à ta famille, en tant que juge, a-t-il pu être un cageot de poires dans un tel état de pourriture et hors d'état d'être mangées ? Et ce, bien que Naju soit une ville célèbre pour ses poires délicieuses, une spécialité de la région ! »

Cela me faisait mal d'y penser, mais je me suis rapidement rappelé les paroles de Jésus disant que le diable me tourmenterait et je l'ai offert en pratiquant le Semchigo, comme s'il s'agissait de poires fraîches et délicieuses. Cependant, même si j'étais satisfaite, mon cœur continuait à souffrir parce que j'avais l'impression qu'il traitait mes enfants et son frère aîné, une figure adulte dans ce foyer sans père, comme des êtres humains inférieurs, plus bas que des mendiants qui mangeraient n'importe quoi d'immangeable.

Une palette complexe d'émotions m'a traversé alors que je contemplais les événements tragiques de mon passé au cours desquels j'ai dû traverser la vallée de la mort. Il semblait que tout le travail acharné, fondé sur une amitié et un amour profonds, qui lui avait été généreusement donné, était devenu un mirage et avait disparu d'un seul coup. Un sentiment de désespoir m'a envahi alors que je me suis  demandé : « Tout cela n'était-il que le fruit de mes larmes ? ».

Beaucoup ont tenté de me dissuader d'épouser le fils aîné, issu d'une famille nombreuse avec de nombreux frères et sœurs et même avec des grands-parents. Cependant, j'ai toujours été une solitaire et tout ce que j'ai toujours voulu, c'est vivre en bonne entente avec mes beaux-frères et belles-sœurs. Je peux donc dire sans aucune honte devant le Seigneur que je n'avais absolument aucun désir de récupérer ne serait-ce que la plus petite partie de ce que j'avais perdu.

Cependant, ce cadeau reflétait le cœur de mon cinquième beau-frère que j'aimais tellement que je l'ai soutenu jusqu'à ne plus pouvoir nourrir mes enfants avec des fruits en bon état. Ce fut le moment le plus tragique et le plus triste de ma vie et des larmes brûlantes coulèrent sur mon visage. J'avais l'habitude de consommer des aliments qui, autrement, auraient été jetés, en pensant aux pauvres âmes pour qu'elles puissent renaître. Cependant, avec ces poires immangeables, je n'ai pas eu d'autre choix que de les jeter en pratiquant le Semchigo, comme si j'avais savouré ces délicieuses poires.

Je l'ai ensuite offert en pratiquant le Semchigo comme si j'avais acheté de bons fruits et j'ai prié avec ferveur pour que Dieu supprime tout ce qui n'est pas nécessaire, à la fois pour les âmes et les corps de mon cinquième beau-frère, de mes beaux-parents et de toute ma famille. Ce cadeau, jeté sans même pouvoir en manger une seule bouchée, a été le premier et le dernier cadeau que j'ai reçu de mon cinquième beau-frère.

Ce n'est pas le seul incident qui a montré l'attitude de mon cinquième beau-frère à l'égard de ma famille. Lorsque je l'ai envoyé à Séoul pour ses études et que je l'ai soutenu financièrement, une fois, il est revenu de Séoul à Gwangju pour ses vacances scolaires. À cette époque, les deux enfants de ma belle-sœur aînée et deux des miens se trouvaient dans la maison de nos beaux-parents. C'est alors que mon beau-frère a donné 30 wons d'argent de poche à chacun de mes enfants et 70 wons à chacun des enfants de ma belle-sœur.

Le fait que mes enfants n'aient rien reçu n'a aucune importance, même si j'ai fait tout le travail difficile en coulisse pour le soutenir. Cependant, lorsque j'ai vu qu'il donnait à mes enfants moins de la moitié, et encore moins la même somme, juste devant moi, mon cœur a commencé à se briser. Mais j'ai rapidement pratiqué Semchigo, Semchigo, comme s'il donnait généreusement de l'argent de poche à mes enfants avec amour, j'ai tout offert.

Lorsque mon cinquième beau-frère était en dernière année de lycée, tout le monde dans la famille s'opposait à ce qu'il aille à l'université. Cependant, lorsque j'ai proposé à mon cinquième beau-frère d'étudier le droit à l'université nationale de Séoul, il a fermement rejeté l'idée, invoquant la situation financière difficile de son foyer, en disant : « Rien que les frais d'hébergement et de nourriture sont assez élevés, tu sais ? » Pourtant, je l'ai sincèrement supplié en lui disant : « Mon oncle, je soutiendrai tes études, même si je dois faire du colportage In-kori pour y parvenir! »

(*Ingkori désigne le fait de transporter des produits de première nécessité dans un panier traditionnel et de les vendre lors des déplacements entre les villages).

J'étais prête à faire n'importe quel travail considéré comme subalterne tout en soutenant mon cinquième beau-frère jusqu'à l'université. Comme je n'arrivais toujours pas à le convaincre, je lui ai dit : « Mon oncle, si je me sacrifie pour financer tes études et que je me retrouve plus tard dans l'incapacité de payer celles de mes enfants, tu pourras les aider une fois que tu auras réussi. » Ce n'est qu'à ce moment-là que mon beau-frère est devenu radieux et m’a dit : « Ah, il y avait une telle possibilité. Merci, belle-sœur ! » Il a alors commencé ses études.

Enfin, il a réussi puis il est rentré chez lui auréolé de gloire. Cependant, contrairement à ce qu'il avait promis à l'époque, il semblait avoir complètement oublié le bon vieux temps après avoir obtenu un grand succès. Lorsque je me suis souvenu de ces événements, mon cœur s'est serré encore plus fort. Devant les poires moelleuses du cageot, de nombreux souvenirs du passé s'entremêlaient comme des fils de tissage. Mes enfants attendaient avec impatience de manger les poires, mais alors qu'ils essayaient de ramasser les poires pourries, j'essayais de les en empêcher.

Mais à un moment donné, mon enfant a attrapé une poire. Puis, avec un visage innocent, il a demandé : « Maman, pourquoi la poire est-elle si molle ? » Je n'ai pas pu m'empêcher de lui répondre: « Elle a dû rester trop longtemps dans la voiture à cause de la chaleur avant d'être apportée ici. La prochaine fois, je t'achèterai une poire plus délicieuse. » Rapidement, j'ai retiré la poire en m’excusant.

Je me suis à nouveau rendu compte qu'il s'agissait également de l'amour de Dieu et j'ai demandé au Seigneur de me pardonner de ne pas avoir été capable de l'offrir plus gracieusement, ne serait-ce qu'un instant. « Oh, mon cher Jésus, pardonnez à cette pécheresse qui ne peut pas être plus reconnaissante, bien qu'elle sache que toutes ces choses proviennent de votre amour le plus profond. Le diable rusé a essayé d'ébranler mon cœur par l'intermédiaire de mon beau-frère. 

Cependant, je vais recommencer à zéro à partir de maintenant, en pratiquant Semchigo comme si j'avais reçu de l'amour pour toutes ces choses. Par conséquent, je vais désormais me transformer en une personne dont l'amour est encore plus grand et plus large. Je n'aimerai pas seulement mon cinquième beau-frère mais tout le monde de tout mon cœur grâce à Votre amour infini. »

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